Faut-il remettre de l’humain dans l’accès aux droits ? (3)
Nous avons rencontré Géraldine Couny-Glochon, référente famille au centre socioculturel du Mellois. Depuis 2018, elle accompagne un groupe d’habitants du territoire, concerné par la dématérialisation des services publics : déclaration d’impôts, RSA, Recherche d’emploi, démarches administratives. La plupart de ces démarches se font désormais sur des sites internet. Il n’y a plus de personnes relais, de bornes d’accueil qui puissent vous renseigner ou vous aiguiller dans vos démarches. Pas toujours simple pour les citoyens ! Géraldine nous explique, dans une série de 3 articles, comment le groupe travaille et en quoi le centre socioculturel (en partenariat avec l’Epicerie Sociale) est un allié solidaire.
On élargi le groupe
Face au statu quo, les 2 associations envisagent de mobiliser différents acteurs du territoire : élus, institutions, associations ; autour de ce problème et proposent au groupe d’habitants d’être partie prenante de cet espace de co-réflexion et co-construction. Le groupe est donc ouvert à d’autres partenaires du territoire, concernés par la question : des élus communautaires et municipaux, la CAF, l’antenne médico-sociale, le CCAS, Atlantique Immobilière, Croix Rouge, Secours Populaire, Mutualité Sociale Agricole, Aînés Ruraux, Pôle Emploi, Comité de Bassin d’Emploi, Secours Catholique, la Bêta-Pi, le Secours Populaire...
« Avec ce groupe élargi, nous avons partagé le diagnostic des habitants et nous travaillons actuellement sur des fiches actions émanant des pistes de solutions initialement imaginées par les habitants et abondées par les partenaires. Il est question de bus itinérant, de formation et d’accompagnement à l’échelle des mairies, d’un chèque numérique qui financerait le coût d’un abonnement internet, cézam pour accéder aux plateformes administratives en ligne. » appuie Géraldine.
Le pouvoir, ça se développe
Ainsi nous avons vu, à travers cet exemple, les différentes phases de travail et la place du Centre SocioCulturel du Mellois, aux côtés des premiers concernés. Une phase d’écoute large permet de définir la situation problème. Une phase d’écoute orientée, ici, dans la rue, permet de vérifier que cette situation concerne d’autres personnes et mobilise un groupe plus important. Dans un 3ème temps, une phase de mise au travail du groupe : faire connaissance et définir son rôle et sa place ; analyser le contexte ; prendre conscience que l’on peut agir sur le problème ; définir les gains espérés et faire des propositions d’actions. Enfin, agir. Ici, négocier avec un élu politique, enrichir la lecture du problème de son expérience personnelle, discuter et réfléchir à des actions avec des professionnels ancrés sur le territoire, prendre la parole devant le groupe...
Le rôle du CSC est de permettre le développement du pouvoir d’agir. "Nous ne devons pas être « les pro qui maîtrisent le(s) sujet(s) et qui « font pour » », explique Géraldine. Notre travail, c’est de créer les conditions pour que les premiers concernés par une situation qui leur pose problème, puissent agir : prendre conscience qu’ils ne sont pas les seuls concernés, qu’ils ont des alliés etc. Il s’agit, pour nous, de préserver l’autonomie et la liberté des gens, de faire en sorte qu’ils puissent penser et choisir des solutions, appuie Géraldine. A travers ce processus, nous apprenons tout autant que les premiers concernés, sur nos pratiques et aussi sur nous-mêmes. Nous essayons, nous ajustons, bref nous expérimentons. Nous n’avons pas de recette à donner. Juste de l’humilité. »
Pour relire le 1er article, c’est par ici.
Pour relire le 2ème article, c’est par ici.