4 clés pour mieux comprendre les gens du voyage
Le groupe qui travail sur la thématique des gens du voyage a récemment couché sur le papier quelques clés de lecture et de mise en relation avec ce public. Il existe, en effet, 3 piliers sur lesquels s’appuient l’identité des gens du voyage ainsi qu’un élément qui renforce l’organisation sociale. Le mode de vie nomade n’est pas choisi. Il est hérité. On s’y conforme ou on s’en émancipe.
La relation à la famille
Elle est fondamentale. La famille est la base de toute l’organisation des voyageurs. Elle est le lieu où l’on se forme, l’espace où l’on trouve ses ressources et la cellule qui subvient à tous les besoins sociaux et économiques (prise en charge du handicap, du vieillissement, transmission des savoirs et des métiers, périmètre d’exercice des activités économiques...). Toutes les décisions se prennent en famille. Elles l’implique donc toutes dans son intégralité. Il en est de même pour la maladie, lorsqu’un manouche est malade, c’est l’ensemble du groupe qui est malade. L’individualisation est tellement peu possible, qu’on entend souvent dire je venons. Ce qui, d’une certaine manière, exprime ce lien. On ne vient pas à un rendez vous seul au sens propre ou figuré.
La relation au territoire
Le voyage, s’il ne définit pas à lui seul l’identité des voyageurs, est fortement présent. Il existe ou se fantasme, mais il s’inscrit toujours dans l’histoire de la famille. En découle un rapport au territoire particulier. Toutes les familles que côtoient les centres socioculturels spécifiques, ont un ancrage territorial. Elles se sentent et se revendiquent de quelque part. Et à partir de cet endroit, elles ont des parcours ou des zones géographiques sur lesquels elles se déplacent. La précarité des installations ou des stationnements induit également cette relation très particulière au territoire. Les familles qui n’ont pas d’habitat pérenne, qui ne savent pas où elles stationneront l’année suivante, finissent par ignorer les limites territoriales administratives. Ceci s’applique aussi aux familles qui ne voyagent plus. Ces gadjés qui, installés depuis plusieurs générations dans un village, imaginent qu’ils repartiront un jour sur les routes.
La relation au travail
Elle dépend beaucoup des relations au territoire et à la famille. Les voyageurs ne parlent pas de travail. Ils intègrent à leur quotidien des activités économiques et sont en recherche perpétuelle de sources d’échanges, monétaires ou non. Il y a donc un rapport très utilitaire à cette activité. On va chercher l’argent dont on a besoin tout de suite, mais on ne travaille pas pour économiser en prévision de futurs achats qui ne sont pas identifiés. Le métier s’apprend au sein de la famille. Il est souvent transmis par les parents. Le salariat traditionnel, sédentaire et très contraignant en terme d’organisation, parait donc peu adapté. Le travail saisonnier ou temporaire est e revanche, très prisé et intégré aux fonctionnements habituels des gens du voyage.
La tradition orale
La tradition orale renforce l’organisation sociale, essentiellement basée sur la relation. Elle prime sur l’emploi, la scolarisation des enfants ou sur tout autre évènement. Cela peut d’ailleurs provoquer d’innombrables malentendus. Par ailleurs, l’écrit peut provoquer l’individualisme, menaçant ainsi le mode de vie et l’organisation sociale des gens du voyage. Ce qui explique, entre autre la méfiance des voyageurs à l’égard de l’école.
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